Le Parrain mis en rapport avec la Mafia dans la réalité :

Quel est le degré de réalité dans la fiction ?

 

     "La meilleure parole, c'est celle qu'on ne prononce pas."(Proverbe Sicilien). Pas une seule fois dans le film n'est prononcé le mot Mafia ou Cosa Nostra, en parlant de la famille Corleone ou de n'importe quelle autre famille. Il est pourtant très clair pour tout le monde que cette réalisation est une représentation de la fameuse et tellement secrète Mafia. Que sait-on de la Mafia finalement ? Comme pour tout ce qui est mytérieux, on a essayé de se la dessiner, de s'en faire une représentation concrète. Cela dit, il semblerait que le Parrain soit une des représentations les plus fidèles. Les mafieux eux-mêmes (qui controlaient chaque réplique du film et qui assistaient à chaque scène) ont dit que c'était l'une des meilleures. Mais en confrontant cette fiction à ce que l'on sait du système mafieux, jusqu'ou F.F. Coppola dépeint-il la réalité ?

Le Pouvoir du Parrain :

     A l'origine, la Mafia en Sicile a été créée pour défendre les droits des "faibles". A la fin du XIXeme siècle, les premieres vagues de Siciliens arrivent en Amérique. Ils sont souvent tres pauvres alors certains reproduisent ce qu'on leur a appris chez eux, ils appliquent alors une protection forcée, en l'échange d'argent ou d'un service. Peu à peu, ils arrivaient à avoir une certaine influence dans une rue, un quartier, une ville...

     Le Parrain I commence en 1945, les choses ont un peu évoluées , mais la tradition se perpétue. Ainsi, Don Vito Corleone reçoit chez lui des personnes qui lui demandent des services, il en sera de même pour Michael, quelques années plus tard. L'exemple qui illustre le mieux cette subordination au Parrain, c'est celui de la premiere scene. Bonasera, un Sicilien, qui a fait fortune aux Etats-Unis (il est chirurgien plastique) a des ennuis avec sa fille : deux garçons l'ont défigurée. L'Amérique est un pays qui a, certes, u système judiciaire solide mais des "lois qui ne protègent pas toujours le citoyen ordinaire". (Des paroles de Coppola). Il fallait donc aller voir un voisin, un parrain, assez puissant pour obtenir la protecion que l'Etat n'a pas été en mesure de lui donner. Le voilà donc à supplier Don Corleone de lui rendre justice mais ce dernier refuse car il trouve que l'homme lui montre trop peu de respect et n'a jamais accepté son amitié : "Vous aviez trop peur d'être mon débiteur" dit-il. De plus le "demandeur" n'a pas daigné l'appeler "Parrain". Alors Bonasera se penche pour lui baiser la main, accepte de lui rendre plus tard un service, et le Don accepte de lui rendre justice. On voit dès les premières images la puissance de cet homme. Quelques scènes plus tard, dans le même contexte, Luca Brasi dont on sait qu'il est le filleul de Corleone dit en lui baisant la main : "je vous jure de mon dévouement jusqu'à la mort". L'idée de dévouement implique totalement la notion de soumission. D'autres parts, le fameux baise-main et la fameuse expression : "Bacciamo le mani", est le geste caricatural de respect au parrain, mais il est semble-t'il une tradition bien ancrée chez les mafiosi.

     On note que le passage de l'autorité à Sonny, provisoirement, à Michael à la mort de Vito et enfin à Vincent(Vincenzo) change du tout au tout le rapport avec l'entourage. Il devient bien plus craint. C'est flagrant dans le cas de Michael, même son frère ainé a peur de lui. Le parrain est en effet un maitre absolu.

Les Ecoles Mafieuses

     Il faur savoir tout d'abord, qu'il existait de 1920 à 1980 deux écoles Siciliennes aux Etats-Unis, l'une Traditionnelle, l'autre Libérale.

     L'école traditionnaliste que l'on pourrait appeler authentique Mafia est basée sur des valeurs vieilles de mille ans, rapport avec le code de l'honneur.

     Quand à l'école libérale, et aux libéraux, ils peuvent être illustrés par des exemples connus, Luciano, ou Lucchese, qui trahirent largement leur sang en s'américanisant (Voir Américanisation) on ne peut plus, pour leur simple profit. Ils ont outrepassé la tradition (vente de drogue, proxénétisme...)

      Vito Corleone incarne parfaitement l'école traditionnaliste, par son calme toujours bien apparant, son sérieux dans les affaires, et sa tenue exemplaire face aux événements. Michael, lui, va être pris dans la vague des libéraux petit à petit. Il va en effet commencer à rentrer dans le juteux trafique de drogue, ce qui était pour son père bien évidemment hors de question. Il va dès lors cesser d'adhérer à certaines valeurs , pourtant il s'y réfère souvent et semble le regretter longuement, certainement lorsqu'il voit que la famille commence à s'écrouler, tel un monument.

 Les Codes entre Mafiosi :

      La Mafia utilise un langage particulier que ses membres emploient entre eux pour rendre leur conversation inintelligibles aux non-initiés. Tout d'abord, ils parlent souvent le dialecte Sicilien, tres difficile à assimiler... Il faut l'avoir appris tres jeune pour le parler courament. Tout cela s'accompagne de mimiques, de mouvements de main, de la tête, des yeux, des épaules... Les gestes des mafiosi sont souvent lourds de sens, valent parfois même un discours ! Ils usent de mots qui à premiere vue n'ont rien à faire dans une conversation malhonête, par exemple : cacocciola (artichaud) signifie "chef de groupe", amicu (ami) signifie "avocat de la famille", grasciù (saleté) veut dire "or". Un simple chapeau, porté de différentes façons peut signifier beaucoup de choses aux yeux des initiés. par exemple : penché à droite : je suis ravi, penché à gauche : je te vois tout à l'heure, penché en arrière : au secours. Le tout sans éxagération, ou presque, passe inpaerçu pour quelqu'un de non-initié.

      Ce film a été conçu pour être regardé par un large public, et n'est surtout pas restreind aux spécialistes du dialectes Sicilien et aux Mafiosi eux-mêmes.

La hiérarchisation des familles :

     En 1931, le cruellement célèbre Maranzano qui lui même n'est pas un parrain de fiction était passioné par Jules César. Il a imposé à tous que les familles de New-York seraient au nombre de cinq et qu'il y aurait dans chacune la même organisation que dans une légion Romaine. Il y aurait l'empereur (le parrain), les Capi (ses fils), des soldats (les hommes en rapport avec la famille ou les plus jeunes). Ainsi, des gens viennent voir le Don le jour du mariage de sa fille pour lui demander des faveurs, comme à l'époque Romaine. Tom Hagen, le fils adoptif de Vito, est un excellent avocat, il deviendra avocat de la famille, et Consigliere de la famille... malgré le fait qu'il ne soit pas Sicilien (origines Hollandaises). Le consigliere (conseiller) est une sorte de conseiller juridique, pour éviter les pieges posés par le gouvernement, et pousser les droits de la famille à la limite du possible. Michael, au début du film, est militaire, il revient voir son père pour lui présenter sa fiancée, et pour le mariage de sa soeur. Le fait qu'il ai été un soldat montre que Coppola a voulu lui assigner le rôle de "soldat", et montrer peu à peu son ascension irrésistible au sein de la famille jusqu'à devenir "empereur" (parrain). Michael se débarasse donc de son rôle initial pour son rôle final, celui avec lequel il mourra, celui le plus important, le Parrain. Une autre allusion à l'empire Romain, lors d'une conversation avec "Franky petit Ange", celui-ci lui dit : "Toi tu faisais parti des vieux de la vieille, tu etais parmis ceux qui voulaient que les familles sient comme des légions romaines, avec des régimes, des capos, des soldats ... et ca a marché." Et il répond , songeur :"On était l'égal de l'empire Romain ...".