LE CODE D’HONNEUR DANS LA MAFIA SICILIENNE

 

            Le mafieux est un « homme d’honneur ». L’entrée dans la mafia fait de l’homme un autre être qui se réfère à d’autres règles. Giovanni Falcone l’a résumé d’une façon très claire : « L’entrée dans la mafia ressemble à une entrée en religion : on ne cesse jamais d’être prêtre, mafieux non plus ». Tout l’honneur du mafieux est directement lié à cette appartenance. Mais de quel honneur parle-t-on ?

 

            Premièrement, l’honneur du mafieux est de mettre sa vie à l’entière disposition de l’organisation. Il n’existe plus en tant qu’individu. Il n’est plus que l’élément d’un ensemble qui lui est supérieur en tout et dont il ignore souvent les desseins. L’obéissance est donc la règle essentielle.

 

            La capacité de tuer est également une des lois fondamentales. Il n’y a en effet aucune place pour l’amour ou la compassion dans cet univers où tout est envahi par le devoir et l’obéissance. La mafia est en quelques sortes une culture de la mort. Celle des autres, mais aussi la sienne, le sacrifice de soi dans l’intérêt supérieur de l’ordre mafieux pouvant aller jusqu’à accepter sa propre mort.

 

           N’être ni un buveur ni un coureur de jupons distingue un homme d’honneur. La consommation d’alcool étant encore plus déconsidérée que l’adultère car, comme l’a dit Tomaso Buscetta, « une personne ivre n’a pas de secret et un mafieux doit en toute occasion conserver le contrôle de soi et être digne. ». Quand à l’adultère, l’obligation faite aux membres de ne pas avoir de relations extraconjugales, est révélatrice du vrai credo mafieux sicilien: respect de la famille, de la femme, épouse et mère des enfants.

            Autre aspect de l’honneur : le devoir de vérité. Le vrai mafieux ne ment pas, ou ne devrait pas mentir à ses pairs. La famille exige la vérité et la sincérité et l’extérieur impose le mutisme. La sanction pour n’avoir pas dit la vérité est presque toujours la mort.

            C’est ici qu’intervient l’Omerta, soit la loi du silence. Cela s’inspire de la règle sicilienne essentielle : « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire » car comme le dit un proverbe local : « Celui qui se tait est un sage ».

            Il est bien sûr proscrit de porter plainte en justice, car les mafieux règlent leurs affaires entre eux, selon leurs principes. Pire encore, dénoncer quelqu’un à la justice. C’est l’acte tabou par excellence pour la Cosa Nostra qui ne peut recevoir que la mort comme sanction.

            La mort, seule issue également pour avoir désirer la femme d’un autre homme d’honneur et pour avoir voler l’un des leurs.

                    Enfin, la loi du cosche (du clan) prescrit de ne pas tirer profit de la prostitution et de ne pas perpétrer l’enlèvement d’enfants.